07/11/2011

Soutien de Michel Conreur

Michel Conreur, historien et prolifique auteur, nous livre quelques-unes de ses impressions et réflexions.

Lorsque la grand-rue a été fermée à la circulation, au cours de cet été 2011, et que des échafaudages ont été placés contre la jolie chapelle des sœurs grises, j’ai cru qu’enfin, après une quinzaine d’années, l’administration de Thuin se préoccupait du sort de ce bâtiment qui lui avait été offert. Je me réjouissais de l’événement en espérant aussi que la vieille église du Val, dont la toiture menace de s’effondrer, trouverait elle-même une solution heureuse. Mais j’ai dû vite déchanter.

La rumeur courut bientôt dans la ville que le fronton de la vénérable église dédiée à sainte Elisabeth de Hongrie pourrait être purement et simplement démoli, voire la chapelle elle-même. Sachant que ce bâtiment était classé et mis sous la protection de l’organisme des monuments et sites, j’ai reçu cette information comme un bobard stupide. Et pourtant, les choses se précisant aujourd’hui, c’était vrai ! Certains y ont pensé ! Je le constate avec stupeur ! Le danger serait passé, paraît-il, mais la destination que l’on veut apporter à cette petite église trois fois centenaire n’est pas moins répréhensible : un hôtel-restaurant ! La tarte à la crème pour se débarrasser de ce bien ! Avec tous les projets d’hôtels-restaurants envisagés depuis quelques décennies, la ville haute devrait être le plus grand centre touristique de Wallonie. Et qu’en est-il ? Voyons dans quel état de délabrement se trouve la grand-rue, aujourd’hui désertée par la plupart des commerces qui existaient encore dans les années soixante. Mais n’insistons pas.

De toute façon, cette jolie église, encastrée dans un magnifique ensemble de bâtiments du XVIIIe, avec sa façade caractéristique de cette époque raffinée et son remarquable cloître intérieur, dans le cadre d’une école secondaire en pleine expansion, ne peut convenir pour un commerce privé, quel qu’il soit. Ces lieux de mémoire qui ont vu passer des générations de personnes charitables dévouées à tous les malades de la ville sont parties intégrantes de l’histoire de Thuin et doivent demeurer dans le domaine public.

Rappelons que, lorsque la ville a accepté ce cadeau (qui n’était pas, comme je l’ai lu, empoisonné), il était destiné à recevoir une bibliothèque ou un centre culturel. Seul, un projet de ce type est raisonnable et respectueux de ces murs : il faut absolument y revenir. Et l’argent ? Nos responsables politiques décrochent des subsides pour des projets qui ne paraissent pas toujours d’une grande nécessité ! Alors pourquoi pas pour sauver ce monuments qui fait partie du paysage de Thuin depuis des siècles et auquel les Thudiniens tiennent beaucoup ?